Comment un peu de féminisme pourrait aider le développement d’Haïti

Le 6 décembre dernier, cela a fait 25 ans qu’un homme est entré à Polytechnique pour y ouvrir le feu sur les femmes présentes dans l’établissement. Il en a tué quatorze. Le 6 décembre dernier, cela a aussi fait 25 ans que ma mère est revenue de l’hôpital avec sa première fille. S’il pouvait alors être inquiétant pour ma mère de mettre au monde une fille devant autant de violence dirigée contre les femmes, sa petite rouquine naissait tout de même au Québec, dans une société où de grandes luttes féministes lui assuraient déjà un bon nombre de droits. Le travail n’était pas terminé – et il ne l’est toujours pas – mais c’était déjà ça.

Si j’étais née en Haïti il y a 25 ans, je n’aurais pas eu le privilège de cette (relative) égalité avec les hommes dont j’ai pu jouir au Québec. Récit de quelques conversations et observations faites depuis le début de notre séjour…

 

Le nom de jeune fille

Lors d’une de nos nombreuses conversations sur le mariage (oh oui !), nous avons demandé à Donnise si les femmes qui se mariaient prenaient le nom de leur mari en Haïti. « Mais oui, elles doivent ! » Nous avons tenté d’explorer un peu plus loin… Et si je ne veux pas ? Pourquoi ne serait-ce pas l’homme qui prend le nom de la femme ? « Parce l’homme a des droits sur la femme. » fut la réponse obtenue.

Quelques jours plus tard, lors d’une escapade à Port-au-Prince, nous sommes tombées justement sur un article du Nouvelliste – journal haïtien, ma foi, très objectif – où, à la demande d’une lectrice, on interroge un avocat sur le port du nom du mari par la femme. En voici un extrait :

« Le Nouvelliste : Y a-t-il des avantages à utiliser ou porter le nom de son mari ?

Me Patrick Laurent : Pour ne pas blesser la susceptibilité des femmes, on répond de la manière suivante : D’un point de vue juridique, il n’y a aucun texte de notre législation énumérant les avantages qu’a une femme de porter le nom de son mari. Cependant, il faut reconnaître que sur le plan social, religieux, il pourrait y avoir certains avantages et même une certaine fierté. » (lire l’article complet ici)

 

L’éducation ? Si tu as le temps, ma fille…

Le matin, les femmes et les filles haïtiennes se lèvent très tôt. Elles doivent cuisiner le déjeuner sur le feu de charbon, laver les enfants et les habiller pour l’école, aller chercher de l’eau s’il en manque, etc. Souvent, les femmes gardent une ou deux de leurs filles avec elles à la maison pour les aider à s’occuper de la maison et des plus jeunes ou encore à faire le marché. Résultat ? Beaucoup de jeunes filles n’ont pas accès à la même éducation que leurs frères et amis garçons, agrandissant l’inégalité entre les sexes.

 

Il en va de même pour la formation que nous donnons aux enseignants. Malgré nous, la formule que nous avons choisie désavantage encore les femmes. Comment ? C’est que chaque vendredi, après les cours terminés un peu plus tôt, nous donnons une formation aux enseignants. Cependant, nous avons remarqué que les enseignantes quittaient souvent avant la fin de la formation, alors que les hommes restaient toujours jusqu’à la fin. C’est que, voyez-vous, après la journée d’enseignement, le travail des femmes n’est pas terminé : elles ont encore beaucoup à faire à la maison. Elles sont ainsi désavantagées par rapport aux hommes, recevant moins de formation et ayant moins de temps pour préparer leurs cours.

 

Et toutes ces petites choses…

Il y a aussi cette fois où Enise lavait la fille de son frère, dont elle s’occupe durant la semaine, pendant que ce dernier la regardait faire. Ou la fois où Donnise m’a dit que mon mari choisirait une maison pour nous deux. Ou encore la fois où notre ami anglais, venu nous visiter, lavait son sac dehors pendant que Donnise m’ordonnait d’aller le faire pour lui (pour lui montrer que je suis une bonne femme).

Non seulement plus d’égalité entres les hommes et les femmes en Haïti permettrait aux femmes une vie plus juste, facile et agréable, mais cela leur permettrait aussi d’avoir accès à une meilleure éducation et, ultimement, d’avoir un meilleur emploi, de mieux soutenir leurs enfants et d’être plus aptes à participer de façon critique et engagée aux décisions de société.

Le but n’est pas de juger ou de condamner. Le but, c’est plutôt de réaliser que la lutte pour l’égalité est loin d’être terminée. Que si on souhaite qu’un projet de développement ou de coopération internationale aide réellement tous ceux qu’il vise, il faut prendre en considération la position des femmes et adapter le projet en ce sens. Qu’on a de la chance au Québec et que ce serait bien de travailler pour que toutes les femmes aient aussi cette chance.IMG_4108

Élan Haïti: l’éducation… mais pour qui?

Ok, ce furent des énoooooormes journées à Élan Haïti 2014. À 6h30, nous étions dans le hall de l’hôtel pour nous rendre à Limonade et vers minuit, on mettait fin aux conversations de hall d’entrée d’hôtel en se disant qu’il est bien temps d’aller au lit. Je vous ai dit qu’Élan Haïti se concentrait sur quatre thèmes principaux. Pour ma part, je me suis plus concentrée sur l’éducation parce que 1) j’étais dans cette équipe de travail et 2) c’est ce qui me passionnait le plus, malgré mon grand intérêt pour l’environnement et la coopération internationale (désolée, l’entrepreneuriat).

Lors de la table-ronde sur l’éducation, j’ai été bien intéressée par monsieur Jean-Marie Théodat, le directeur du Campus Henri Christophe de Limonade, un campus de l’Université d’État d’Haïti, là où a lieu l’événement. Son plaidoyer pour la promotion et la valorisation de la langue créole et pour son enseignement dans le système éducatif haïtien était touchant et surtout, inspirant. Aux gens qui lui disaient que la langue créole n’a pas de grammaire propre et que plusieurs « nouveaux » mots manquent au vocabulaire de cette langue, il répondait qu’un travail d’innovation linguistique était à faire, tel que le français l’a fait il y a bien longtemps.

J’étais cependant moins à l’aise avec sa vision plutôt utilitariste de l’éducation. Il soulignait l’importance, pour lui, d’adapter les programmes éducatifs aux besoins des entreprises et de l’industrie. Pour moi, l’éducation ne doit pas simplement servir à former de la main d’œuvre qui sera trop peu payée. L’éducation devrait plutôt contribuer à créer des citoyens critiques et engagés dans leur communauté qui sont capables de réfléchir, d’être créatifs et d’innover. Haïti, en particulier, a besoin de jeunes leaders novateurs qui sauront trouver les innovations nécessaires pour faire avancer leur pays plus loin, sans se faire berner par leurs dirigeants. Le manque de main d’œuvre qualifiée est certes un problème en Haïti, mais ce n’est pas en se mettant au service des entreprises que le problème sera réglé. Votre vie, c’est plus que votre job, non ? Eh bien l’éducation, c’est plus que d’apprendre à faire cette job.

À trois reprises, le grand groupe de participants était divisé en quatre, chaque sous-groupe travaillant sur une problématique. J’étais dans le groupe qui devait se pencher sur les problèmes du système éducatif haïtien, choisir l’un d’entre eux, y trouver une solution et la présenter sous la forme d’un projet qui sera réalisable en l’espace d’un an. Facile… La tâche était grande, mais réalisable. Cependant, il y avait plusieurs facteurs qui venaient compliquer la chose. Premièrement, monter un projet à 25 personnes, ce n’est pas évident. Deuxièmement, beaucoup de gens ne travaillaient pas directement dans le domaine de l’éducation. Ça n’est pas un défaut, tout le monde a le droit (et même le devoir) de se soucier de l’éducation de son pays, mais cela fait que plusieurs membres du groupe n’avaient pas un portrait tout à fait juste des problèmes rencontrés par les acteurs du système éducatif et, par conséquent, les solutions proposées n’étaient pas tout à fait justes elles non plus, pas tout à fait applicables. Lorsqu’elles l’étaient, elles ne visaient pas, selon moi, les problèmes les plus pressants de l’éducation en Haïti.

Juliana et moi avions reçu de Gerry la « mission » de représenter Lhomond – et tous les autres petits villages de la campagne haïtienne – à Élan, d’être leur voix. Parce que la très grande majorité des participants venaient de grandes villes, savaient lire et écrire, connaissaient très bien au moins deux langues et étaient assez aisés pour posséder téléphones intelligents et ordinateurs portables, nous devions parler pour ceux que nous connaissons et qui n’ont pas cette chance. Je ne leur reproche pas d’être privilégiés. Je trouvais seulement dommage que peu de gens à Élan soient au courant de la réalité vécue par la majorité la population de leur pays. Ça rendait également la tâche de représenter les « régions » plus difficile : soit les gens avaient de la difficulté à concevoir qu’il existait dans leur pays des écoles sans accès à Internet ni à l’électricité, soit ce problème est tellement complexe qu’il était plus facile de s’attaquer à quelque chose de moins gros.

Au final, le projet qui sera mis en branle en 2015 par plusieurs membres de « l’équipe éducation » consiste en la création d’une plate-forme numérique pour les élèves du secondaire leur présentant des vidéos pour aider à leur apprentissage. L’idée n’est pas mauvaise, mais elle n’inclut pas toutes ces écoles qui n’ont pas accès à Internet, en plus de viser les plus vieux, alors que les élèves du primaire auraient bien besoin d’un coup de pouce avant de décrocher… C’est ce qui m’a déçue et frustrée. J’avais l’impression de ne pas avoir réussi à défendre les intérêts de ceux pour qui nous travaillons si fort à Lhomond. La tâche n’était pas mince, nous avons fait ce que nous avons pu. Nous étions quand même 5-6 résistants dans le groupe à nous opposer au projet, mais la démocratie a parlé…

Oui, cette solution offrira une ressource de plus à certains élèves et leur permettra de mieux comprendre certaines notions. Cependant, le système éducatif haïtien souffrira toujours d’enseignants peu, pas ou mal formés et mal payés, d’écoles sans électricité, eau potable ou Internet, de ressources matérielles et financières insuffisantes et d’un manque cruel d’écoles publiques gratuites et de qualité. Pour s’attaquer à tout ça, il faudra plus qu’un projet sur un an.

Le problème est complexe, mais j’aime ça, la complexité. Wilford

Il faut dire qu’Élan nous a donné la chance de rencontrer une foule de jeunes leaders haïtiens bouillonnants d’idées, dont notre cher Wilford avec qui je collaborerai peut-être sur un projet… à suivre!

—————– English version  ———————-

Okay, the days at Élan Haïti 2014 were soooooo loooooong. At 6:30 am, we were in the hotel lobby, ready to go to Limonade and around midnight, we were ending late night conversations because it was more than time to go to bed. Élan Haïti focused on four main subjects: education, environment, international cooperation and entrepreneurship. I focused more on education because 1) I was part of the education working team and 2) this was the subject I was the most passionate about, despite my great interest in environment and international cooperation (sorry entrepreneurship).

During the panel on education, I found that Mr. Jean-Marie Théodat, the director of the Campus Henri Christophe of Limonade, where the event was taking place, was very interesting. His advocacy for the promotion and the valorisation of the kreyòl language and for its teaching in the Haitian educational system was moving and inspiring. To those who were telling him that kreyòl didn’t have a proper grammar and that its vocabulary was lacking many « new » words, he answered that a linguistic innovation work needed to be done with kreyòl, just as it has been done with the French language many years ago.

I was however unease with his quite utilitarian vision of education. He highlighted the importance, for him, to adapt the educational University programs to the needs of the businesses and the industry. To me, education must not simply serve the creation of cheap labour. Education should contribute to create critical citizens, involved in their community and able to think deeply, to be creative and innovative. Haiti, in particular, needs young innovative leaders that will know how to find the necessary innovations to push their country forward without being fooled by their political leaders. The lack of qualified workforce is, indeed, a problem in Haiti, but it is not by serving the businesses that the problem will be solved. Your life is more than your job, right? Well, education is more than learning to do that job.

Three times, the big group of participants has been divided in four groups, each of them working on one of the subjects of the forum. I was part of the group that had to look at the problems of the Haitian educational system, choose one of them, find a solution and present it as a project that will be realized inside a one-year timeframe. Easy… The task was big, but doable. However, there were many factors that complicated it a little. First of all, building a project with 25 persons is not easy. Second, many people were not working directly in education. It’s not a bad thing, everyone has the right (and even the duty) to care about education in his or her country, but the result was that many members of the group didn’t have a fully right picture of the many problems encountered by the different actors of the educational system and, consequently, the proposed solutions weren’t totally right neither, not really applicable. When they were, they weren’t targeting, according to me, the most urgent problems of education in Haiti.

Juliana and I received a mission from Gerry: to represent Lhomond – and all the other small villages of the Haitian countryside – at Élan, to be their voice. Because the huge majority of the participants were from big cities, knew how to write and read, spoke and understood well at least two languages and were wealthy enough to possess smartphones and laptops, we had to speak out for those that we know and that don’t have this privilege. I don’t blame them for being privileged. I only found unfortunate that so few people at Élan were conscious of the reality of the majority of their country’s population. This made it more difficult for us to represent the countryside: it’s either people at Élan had difficulty to imagine that schools without access to Internet or electricity actually existed in their country, or it’s that the problem was so complex that it was easier to address something smaller.

At the end of the day, the project that will be put in place in 2015 by many members of the education team is the creation of an online platform for high school students where they’ll be able to find tutorials and videos to help them learn certain things. The idea isn’t bad, but it doesn’t include all those schools that don’t have access to Internet, and moreover it’s targeting the older students, when the elementary students would definitely need a little help before dropping out… This is what frustrated and disappointed me. I had the impression of failing to my duty, of not being able to defend the interest of those for who we are working so hard here in Lhomond. The task was big: we did what we could. We were still 5 or 6 dissidents in the group that didn’t agree with the project, but democracy won…

Yes, this solution will offer an additional resource to some students and will allow them to understand certain concepts. However, the Haitian educational system will still suffer from not enough or well-trained teachers, from not enough paid teachers, from schools lacking access to electricity, drinkable water or Internet, from insufficient financial and material resources and from a cruel lack of free and high-quality public schools. To address all of that, we will need more than a project on a one-year timeframe.

The problem is complex, but I like complexity.

La complexité

L’un de mes anciens professeurs d’université m’a récemment fait remarquer en souriant, peut-être en se moquant un peu, que j’étais incapable de ne pas voir les choses dans leur ensemble, que j’étais toujours dans la grande complexité. Ça m’a fait sourire aussi, puisque je n’avais pas grand chose à dire pour le contredire : je pouvais trouver mille exemples qui appuyaient son point. Eh bien, il rirait sûrement de me voir aux prises avec l’une des situations les plus complexes avec lesquelles j’ai travaillé, et j’ai nommé le Centre d’enseignement Toussaint Louverture de Lhomond (et l’éducation en Haïti en général).

À l’école, il y a neuf classes et neuf enseignants. Pas de système de remplacement, donc ne vous avisez pas de tomber malade. Il n’y a pas d’électricité non plus, alors oubliez ordinateurs, photocopieurs, télévisions, projecteurs, TBI et sortez vos craies et vos talents d’acteur. Il n’y a que très peu de matériel (et peu d’argent pour en acheter), donc soyez créatifs. Enseigner avec toutes ces contraintes, ça peut être complexe.

Les enfants n’ont pas tous mangé lorsqu’ils arrivent à l’école, mais il faut les amener à se concentrer quand même. Dans la classe de troisième année, les élèves ont entre 7 et 14 ans, mais il faut tout de même concevoir des activités d’apprentissages adaptées à l’âge et au développement de l’enfant. Les parents des enfants n’ont pas tous les connaissances pour les aider avec leurs devoirs, alors faut-il donner des devoirs quand même ? Le seul endroit où les élèves entendent un peu de français, c’est à l’école, mais ils doivent répondre aux mêmes exigences que les élèves vivant à Port-au-Prince. Enseigner avec ces contraintes, ça devient de plus en plus complexe.

Les enseignants n’ont pas tous eu la chance d’avoir une formation en enseignement à l’université, mais on leur demande d’enseigner comme s’ils avaient toutes les stratégies, les compétences et les connaissances qu’une telle formation leur aurait apportées. Il n’y a pas d’éducateur spécialisé, de travailleur social ou d’infirmière scolaire pour soutenir les enseignants, alors les enseignants doivent jouer tous ces rôles à la fois, en plus du leur. Enseigner avec toutes ces contraintes, c’est définitivement complexe.

Le surlendemain de notre arrivée à Lhomond, Juliana et moi étions déjà à l’école pour notre semaine d’observation et, disons-le, d’adaptation. Il y a beaucoup de choses qui m’ont déstabilisée, beaucoup de méthodes d’enseignement et de gestion de classe avec lesquelles je ne suis pas d’accord… Je garde en tête que les enseignants de l’école font face à des défis énormes qu’ils surmontent au meilleur de leurs capacités et, croyez-moi, c’est impressionnant.

Notre mandat dans tout ça ? Offrir des ateliers de formations aux enseignants afin de leur fournir un maximum d’outils, d’idées et de stratégies et techniques d’enseignement. À chaque vendredi, nous passons deux heures avec les enseignants à discuter de tout cela et à partager différentes idées qu’il serait bien de tenter à partir de ce que nous avons observé. Quand je vous parlais d’une situation complexe…

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Juliana et moi lors de notre première formation avec les enseignants.

Ne vous méprenez pas : la complexité, c’est beau, ce n’est pas que contraintes. En fait, il faut voir les contraintes comme des opportunités et c’est ce que je m’efforce de faire. Ce n’est absolument pas facile, mais il faut relever le défi. D’ailleurs, toutes vos suggestions sont les bienvenues. Le changement en éducation, il paraît que c’est possible…

PS : Pour une excellente chronique sur la bouffe haïtienne, je vous suggère fortement le dernier article de blog de Juliana. C’est délicieux !

PS-2: Gerry a reçu une première boîte de livres! Il viendra nous voir à la 2e semaine de novembre, vous avez encore le temps de lui envoyer vos boîtes!

—– English version  —–

One of my former professors from University recently made me notice with a smile on his face, maybe laughing at me a bit, that I was unable to not to see things in their whole, that I was always dealing with great complexity. It made me smile as well because I had not much to say against that: I could find a thousand examples to prove its point. Well, he would probably laugh to see me now, dealing with one of the most complex situations I have ever worked with: the Centre d’enseignement Toussaint Louverture de Lhomond (and education in Haiti in general).

At our school, there are nine classes and nine teachers. There are no sub-teachers, so make sure you don’t get sick. There is no electricity, so forget computers, copy machines, televisions, projectors, interactive boards and get out your chalk sticks and your acting skills. There is only a little bit of material (and very few money to buy some), so be creative. Teaching with all those constraints can be complex…

Children haven’t necessarily had breakfast when they arrive at school, but you still have to get them to concentrate and learn. In the third grade class, students are between 7 and 14 years old, but you still have to design your activities accordingly with your students’ age. Parents don’t all have the knowledge to help their children with their homework, so should we give them homework? The only place where the students hear a bit of French is at school, but they still have to meet the same standards than the students living in Port-au-Prince (where they hear much more French). Teaching with those constraints is becoming more and more complex.

Teachers didn’t all have the chance to study education in University, but they still have to do the job as if they had all the strategies, competencies and knowledge that such studies would have gave them. There is no caseworker, social worker or nurse to help the teachers with their students, so the teachers have to play all those roles at the same time on top of their own. Teaching with all those constraints is definitively complex.

The day after our arrival in Lhomond, Juliana and I were already at school for our observation – and adaptation – week. There are many things that shocked me, many teaching practices with which I disagree… However, I keep in mind that the teachers are facing enormous challenges and they are doing their best to overcome them. Believe me, it’s impressive.

Our role in all that? Build training workshops for the teachers to give them as many tools, ideas, teaching techniques and strategies as possible. Each Friday, we spend two hours with the teachers, discussing all that and sharing different ideas that would be great to try with the students based on what we saw in their classes. When I was telling you about a complex situation…

Don’t get me wrong: complexity is beautiful, it’s not all constraints. Actually, I try to see constraints as opportunities. It’s not easy at all, but I have to overcome this challenge. By the way, all your suggestions are welcomed. Change in education is apparently possible…

PS: Gerry received a first box full of books! He’ll be visiting us on the second week of November, so you still have time to send your books!