Changer l’heure quand il pleut

Il n’y a pas si longtemps, tout comme vous au Canada et aux States, nous avons nous aussi reculé l’heure. C’était, pour nous aussi, dans la nuit du samedi au dimanche. C’était assez étrange de changer d’heure dans un endroit où le temps a une importance disons… relative.

Bref, le lundi suivant, Juliana se rend à l’école à 7h30 pour aller chercher du papier afin que nous puissions imprimer les examens des 6e année chez nous et les ramener à l’école pour 8h00. En se rendant à l’école, elle a bien vu que quelque chose clochait: pas d’élèves qui marchent dans la rue pour se rendre à l’école, trop d’animation dans les classes de si bonne heure, le drapeau déjà levé… Luné, le prof de 6e, se dirige vers elle et lui demande si elle a oublié ses examens car les élèves attendent depuis déjà 30 minutes… personne n’avait changé l’heure (sauf nous, apparemment), mais personne n’avait pensé à nous le dire!

Le lendemain, menm bagay: nous arrivons à l’école à 7h45 et tous les élèves sont déjà en train de rédiger leurs examens. Au moins, ce matin-là, nous n’avons rien à remettre à personne!

S’en suivirent trois jours de congé – que Juliana et moi avons passés aux Cayes et à l’île à Vache (exactement ) – et une fin de semaine bien remplie. Nous avons enfin eu la chance de rencontrer Gerry, le fondateur de LiFA, l’organisme qui finance l’école. Vous me suivez toujours ? Parfait, parce que ça se complique ! Gerry était accompagné de notre cher Bernard, fondateur de Mouvement Paysan Lhomond, l’organisme qui s’occupe de nous, de l’école et d’autres projets à Lhomond. Bernard, c’est aussi notre chauffeur dans la folie de Port-au-Prince et notre professeur privé de konpa. Gerry était ici pour offrir à plusieurs femmes de la communauté des filtres à eau donnés par l’organisme Water With Blessings. Rien n’arrête Gerry, il est impliqué partout avec la même fougue qu’il avait lorsqu’il avait 20 ans, j’en suis certaine !

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L’un des groupes de femmes à qui nous avons donné filtres et formation

Nous avons passé du très bon temps à discuter avec nos deux hommes. Avec toute son expérience de vie, Gerry est une véritable encyclopédie sur Haïti et sur le travail en développement qui s’y fait. Après un bon déjeuner du dimanche matin (crêpes et café, le gros luxe), Gerry et Bernard se dirigent vers l’école pour y régler quelques trucs. On convient de se rejoindre là-bas puisque nous n’étions pas prêtes à sortir. Entre-temps, la pluie commence à tomber doucement. Yé ! De l’eau pour la douche ! Protégées par nos imperméables (ce fut leur baptême d’Haïti), nous marchons jusqu’à l’école.

– Mmm… c’est bizarre Juliana, le jeep de Bernard n’est pas là et toutes les portes des classes sont fermées…

– Ben là ! Ils ne seraient quand même partis sans nous dire au revoir !

– Ben…

Après une bonne attente à l’école et quelques essais infructueux, je finis par joindre Bernard sur son cellulaire :

– Bernard ! Vous êtes où ?

– À Carrefour-des-Ruisseaux. (= loin) Il y avait la pluie donc on ne pouvait rien faire, alors nous sommes partis. Nous voulions vous saluer, mais comme il pleuvait, nous ne pouvions pas.

– Quoi ?!

Vous voyez, les haïtiens n’aiment pas vraiment la pluie. J’oserais même dire qu’ils en ont peur. Dans son excellent livre The Big Truck That Went By, Jonathan M. Katz raconte avoir vu des marchands dans les rues de Port-au-Prince demeurer impassibles alors que des coups de feu s’échangeaient juste devant eux, mais déguerpir dès l’apparition de 2-3 gouttes de pluie.

Le lendemain matin, lundi, le ciel est gris par endroits, mais pas de pluie à l’horizon. Nous marchons vers l’école. La rue est étrangement vide et silencieuse… Nous arrivons à l’école : drapeau levé, élèves et enseignants en classe. Luné nous informe que les choses ont commencé à 7h30. Voilà ce que j’appelle un changement d’heure progressif ! Lentement, mais sûrement.

Le matin suivant, nous décidons de nous résigner à l’heure haïtienne et arrivons à l’école à 7h30, les sandales un peu boueuses, l’averse matinale ayant, disons, humidifié la route de terre. Quelques profs seulement sont à l’école et peut-être le quart des élèves. À 8h00, la situation ne s’est toujours pas améliorée. Comme c’est étrange… Nous demandons à Christela, une prof de préscolaire, ce qui se passe de spécial aujourd’hui pour qu’il y ait si peu d’élèves (elle en avait 3 dans sa classe). « La pluie » nous répond-elle.

En tout cas, s’il arrive qu’on change l’heure un jour de pluie en Haïti, je ne veux même pas imaginer ce qui pourrait arriver !

 

—– English version —–

Not so long ago, just as you in Canada and USA, we also had to back up the time. It was also during the night from Saturday to Sunday. It felt strange to change the time in a place where time has such a… relative importance.

The following Monday, Juliana goes to school at 7:30 am to get paper so we can print exams for the grade 6 students at our place and bring them back to the school for 8 o’clock. While walking to school, she saw that something was wrong: no students walking to school, too much noise coming from the classrooms at this early hour, the flag already up… Luné, the grade 6 teacher, walks towards her and ask her if she’d forgotten his exams because the students had already been waiting for 30 minutes… Nobody changed time (except us, apparently!), but nobody thought of telling us!

The next day, menm bagay: we arrive at school at 7:45 and all the students are already writing their exams. At least, that morning, we had nothing to hand out to anyone!

Followed three days off – that Juliana and I spent in Les Cayes and Île à Vache (exactly here)– and a well-filled weekend. We had the chance to meet Gerry, the founder of LiFA, the organization financing our school. Are you still with me ? Perfect, because it’s getting more complicated ! Gerry was with Bernard, founder of Mouvement Paysan Lhomond, the organization that takes care of us, the school and other projects in Lhomond. Bernard is also our driver in the craziness of Port-au-Prince and our private konpa teacher. Gerry was here to offer to many women of the community water filters that were given by Water With Blessings. Nothing can stop Gerry, he is involved everywhere with the same energy he had when he was 20, I’m pretty sure about that!

We had a very good time discussing with those two men. With all his life experience, Gerry is a real encyclopedia on Haiti and on development work done in this country. After a great Sunday morning breakfast (pancakes and coffee, big luxury), Gerry and Bernard left us to go to the school in order to work on a few things. We decided to meet them there, as we were not ready yet. Meanwhile, it started to rain gently. Yeah! Water for the shower! Protected by our raincoats (their baptism in Haiti), we walked to the school.

– Mmm… it’s weird Juliana, Bernard’s jeep isn’t there and all the classrooms’ doors are closed…

– They wouldn’t left without saying good bye !

– Well…

After waiting for a while at the school and a few failed attempts, I finally reach Bernard on his cellphone :

– Bernard ! Where are you?

– In Carrefour-des-Ruisseaux. (= far) There was rain so we couldn’t do anything, so we left. We wanted to say goodbye to you, but as it was raining, we couldn’t.

 

– What ?!

 

You see, Haitians don’t really like rain. I would even say they are scared of it. In his excellent book The Big Truck That Went By, Jonathan M. Katz says he’d seen merchands in the streets of Port-au-Prince not reacting at all as gunshots were exchanged in front of them, but running away with their stuff as they saw 2-3 raindrops falling from the sky.

 

The next morning, on Monday, the sky was grey in some places, but no rain was to be expected. We are walking to school. The street is weirdly empty and silent… We arrive at school : flag up, teachers and students in class. Luné tells us that classes started at 7:30 am. Well, that’s what I call a progressive time changing!

 

The next morning, we decided to adopt the Haitian time and we get to school at 7:30, our sandals a little muddy as the morning shower had, let’s say, humidified the dirt road. Only a few teachers and maybe a quarter of the students are there. At 8 o’clock, things haven’t get better. Well, that’s strange… We ask Christela, one of the kindergarten teachers, why there were so little students today (she had 3 in her class). “Rain”, she answered.

 

Ok, if one day we have to change the time on a rainy day in Haiti, I don’t even want to imagine what could happen!

 

Moto, boulot, dodo

Après plus d’un mois déjà en Haïti, nous pouvons dire que nous nous sommes créé une petite routine. Les matins de semaine, nous nous levons tôt pour être à l’école à 8h. Là, nous animons des activités dans les différentes classes, du préscolaire à la 6e année. Nos activités sont toujours en lien avec la formation que nous donnerons aux enseignants le vendredi, où l’on discute de nos interventions de la semaine, car oui, nous faisons des activités avec les élèves, mais c’est surtout pour pouvoir en discuter avec les profs ensuite et apprendre de tout ça !

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Avec les plus jeunes, nous avons fait une activité où nous chantions une berceuse pour calmer un peu les élèves (et pour appeler les lutins, évidemment).

À 13h, les cours se terminent et nous retournons à la maison, rôtissant sous le soleil de mi-journée. Denise et Enise, les cousines, nous ont toujours préparé un succulent repas, souvent du riz avec des légumineuses avec un jus frais : agrumes, grenadia, citron, mangue… Après le dîner, on s’accorde un break syndical d’une demie heure et un petit biscuit au chocolat (ben quoi !?) puis on replonge dans la préparation de nos activités, la création de matériel pédagogique et la planification des formations des enseignants. Vers 17h, on sort faire notre marche de santé (beaucoup trop chaud pour courir) et ça fait bien rire les habitants du village qu’on croise sur la route !

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Photo prise lors d’une de nos escapades à pied dans les collines de Lhomond

On revient pour se cuisiner un petit souper. Les jours de fêtes (il y en a quand même pas mal), Denise nous fait son sublime chocolat chaud. Malgré la chaleur, c’est si bon que ça en vaut la suée (c’en est toute une). En soirée, on lit, on écrit, on joue aux dominos ou on jase sur la galerie… Et puis on se couche tôt comme des vieilles filles.

Outre le beurre d’arachides aux piments forts, il y a bien quelques événements extraordinaires qui viennent pimenter cette petite routine. Le mercredi, par exemple, nous allons au marché de Lhomond pour l’épicerie de la semaine. La fin de semaine, nous prenons parfois la moto pour nous rendre à la plage de Ti Tans, près de Miragoâne. Les rides de moto sont toujours une belle façon de pimenter la semaine. Ah oui, ça c’est quand on ne trouve pas une ARMÉE de fourmis (au moins 100 000) ayant envahi mon étui de ukulélé (qui servait à abriter nos fameux biscuits) et qui envahissent ensuite la chambre (DENIIIIIISE !!) ou quand on n’est pas victimes d’une violente attaque en soirée (lire le récit de Juliana).

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Juliana et moi avec Brière, notre incroyable chauffeur, sur sa moto. (No stress, il porte un casque, nous sommes en sécurité.)

Même si parfois je m’ennuie du fromage ou d’un vrai plancher, je ne voudrais être nulle part ailleurs qu’ici en ce moment, à partager rires, défis et aventures avec toute la bande de Lhomond et à me creuser la tête pour savoir comment je pourrais être le plus utile pour mes collègues – et amis – professeurs de l’école. Merci la vie.

—– English version —–

After more than a month in Haiti, we can say that we now have our little routine. On the weekdays’ mornings, we get up early to be at school at 8 o’clock. There, we facilitate activities in the different classrooms, from kindergarten to grade 6. Our activities are always related to the theme of the training session we’ll be giving to the teachers on the following Friday, during which we discuss about our interventions of the week. Because yes, we are organizing activities for the students, but we do this mainly to be able to discuss them with the teachers and learn from them!

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With the youngest students, we did an activity where we were signing a lullaby to bring calmness in the group (and to call elves)

At 1 pm, classes are over and we go back home, boiling under the mid-day sun. Denise and Enise, the two cousins, have always prepared us a delicious meal, often rice with beans and fresh juice: citrus, grenadia, lemon, mango… After lunch, we give ourselves a half an hour break and a small chocolate cookie (what?!) and then we dive back into preparing activities, creating learning material and planning teachers’ training sessions. Around 5 pm, we leave the house for a walk (it’s way too hot to run) and this makes Lhomond people we see laugh a lot!

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Photo taken during one of our daily walks

We come back home an hour later to cook ourselves a little dinner. On special days (there are quite a lot of them), Denise cooks her fantastic hot chocolate for us. Despite the heat, it’s so good that it is worth the sweat. On the evening, we read, we write, we play dominos or we chat on the patio… Then we go to bed early like old ladies.

Aside from the hot pepper peanut butter, there are a few events that come to spice up this small routine. On Wednesdays, for example, we go to Lhomond’s market to buy food for the week. On the weekends, we sometimes pick a ride on a motorcycle to go to Ti Tans, Miragoâne’s beach. Motorcycle rides are always a good way to spice up our week. That is when we don’t find out that an ARMY of ants (at least 100 000) had invaded my ukulele case (which was used to preserve the famous cookies) and that are now invading our room (DENIIIIIIISE!!) , or when we are not being attacked at night (see Juliana’s story of the event – in French).

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Juliana and I on Brière’s motorcycle, our incredible driver

Even if I sometimes miss cheese or a real floor, I wouldn’t be elsewhere than here, sharing laughs, challenges and adventures with all the gang in Lhomond and puzzling over the best way to be the most useful for my teacher colleagues – and friends – of the school. Thanks life.

Rencontres privilégiées

English follows.

Vendredi dernier, pour la deuxième fin de semaine de suite, nous avons eu la chance de partir à la découverte d’un autre coin magnifique d’Haïti : Jacmel. Il s’agit d’une petite ville en bord de mer au sud-ouest de Port-au-Prince. Nous avions trois objectifs principaux : la plage, le bassin bleu et de la pizza. Ce fut mission accomplie !

Le 17 octobre, en Haïti, c’est férié : anniversaire de la mort de Jean-Jacques Dessalines, l’un des dirigeants de la révolution des esclaves et le premier empereur d’Haïti. En congé pour trois jours, Denise, Juliana et moi filons prendre un minibus à Miragoâne qui nous dépose au Carrefour-du-Fort, à l’intersection de la route vers Jacmel. De là, nous parcourons les 45 km de route en forme de lacet serpentant entre les montagnes qui nous séparent de la jolie ville coloniale en bord de mer sur le sommet d’un camion rempli de gros bâtons de canne à sucre qui nous massent agréablement le popotin.

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La vue au sommet de ce gwo machin est assez incroyable merci.

La sœur de Denise nous avait mises en contact avec Emmanuel, un médecin guinéen travaillant pour la Croix-Rouge haïtienne généreux, drôle et ayant une foule d’expériences à nous partager. En fin d’après-midi, après la baignade tant attendue dans une mer plus que chaude, nous discutons longuement avec Emmanuel sur la plage. Il nous dit qu’il a fait sa maîtrise en santé publique à Montréal. Il a choisi de ne pas rester au Québec puisqu’il souhaitait pratiquer la médecine et que nous ne reconnaissons que les diplômes américains, et encore. J’ai l’impression qu’on cherche à se donner de l’importance au Québec, qu’on s’invente des privilèges. Comme si nous n’en avions pas déjà assez. Bref, souhaitant mettre à profit tout ce qu’il avait appris, il s’est engagé avec la Croix-Rouge et a travaillé au Sénégal, au Tchad, au Burkina Faso, au Mali (et j’en passe) et il est maintenant en Haïti depuis 2011. Nous avons discuté de son travail, de la décolonisation de la Guinée par la France, de la vie en Haïti, de développement international, de voyages, des charmes de différentes cultures à travers le monde…

J’étais mal à l’aise de me l’avouer, mais ça faisait tellement de bien, c’était tellement stimulant d’avoir une conversation comme ça ! Pourquoi le malaise ? Eh bien, ce n’est pas le genre de conversation qui court les rues à Lhomond… Le fait de pouvoir discuter de voyages, de pays qu’on a visités, de politique internationale, c’est un luxe, un privilège que ne peuvent goûter que ceux ayant eu accès à un certain niveau de vie, à une société où l’information est facilement accessible à tous et à une éducation au minimum de niveau secondaire. Ces conditions privilégiées ne sont pas le lot de la très très grande majorité des habitants de mon petit village. Cela n’en fait pas moins des personnes extraordinaires et généreuses : t’sais, quand tes élèves viennent chez toi te porter des avocats, des noix de coco ou du kassave qu’ils ont fait pousser ou cuisiné eux-mêmes… Bref, notre rencontre et nos discussions privilégiées avec Emmanuel m’ont remis mon privilège en pleine face. L’important, pour moi, c’est d’être consciente de ma chance et de ne pas tolérer que d’autres vivent dans des conditions comme celles que j’observe parfois ici. Et de travailler pour changer ça.

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L’objectif plage étant atteint, nous nous sommes attaquées samedi matin à l’objectif « bassin bleu ». Il s’agit d’un endroit magnifique au sommet d’une montagne où coule une rivière qui forme, à un certain endroit, trois grands bassins d’eau couleur émeraude. Le troisième bassin est de loin le plus joli avec sa cascade. Paradisiaque. Objectif plus qu’atteint.

Le troisième et dernier objectif a été magnifiquement atteint en soirée où nous avons partagé bière et pizza avec un voyageur Anglais qui était en Haïti depuis 5 semaines, plantant bénévolement des arbres dans le sud-est du pays. Son mandat terminé, il part maintenant à l’aventure, en quelque sorte, projetant de faire du woofing à quelques endroits dans les Caraïbes. Et ensuite ? « No plan » nous dit-il. Il nous faisait beaucoup penser à Christopher McCandless. Vous savez, Into the Wild. En bonnes mamans, nous lui avons dit d’être prudent et de ne pas manger tout ce qui lui tombe sous la main en forêt. Encore une fois, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que ce n’était pas le luxe de tous que de pouvoir partir ainsi à l’aventure, voyager sans billet de retour afin de faire le point sur sa vie… Mes pensées s’envolent à nouveau vers Lhomond.

Voilà, ce ne sont que deux rencontres privilégiées parmi plusieurs faites au cours de cette petite escapade et au cours de ce séjour en Haïti dont la durée s’approche déjà du mois. Je n’en reviens pas de toute cette chance qui m’entoure. Comme dirait ma mère, « Merci la vie ».

—– English version —–

Last Friday, for the second weekend in a row, we got the chance to discover another gorgeous place in Haiti: Jacmel. It is a small town by the sea, southwest from Port-au-Prince. We had three main objectives: beach, bassin bleu, and pizza. It was mission accomplished!

October 17th, in Haiti, is a public holiday: the anniversary of the death of Jean-Jacques Dessalines, one of the leaders of the slaves’ revolution and first emperor of Haiti. On “holiday” for three days, Denise, Juliana and I leave Lhomond for Miragoâne where we hop on a minivan that drops us in Carrefour-du-Fort, at the intersection of the road to Jacmel. From there, we cover the 45 km of the Jacmel road (full of mountains and switchbacks) on a big sugar cane truck that delightfully massages our butts.

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The view on top of this gwo machin is incredible.

Denise’s sister at put us in contact with Emmanuel, a generous and funny Guinean doctor working for the Haitian Red Cross with loads of experiences and stories to share. At the end of the afternoon, after the swim in a more-than-warm sea we had looked forward to so much, we enjoy a long discussion with Emmanuel, our feet in the sand. He told us he did his Masters in public health in Montreal. He chose not to stay in Québec because he wanted to practise medicine, so as we only recognize American diplomas in medicine… I have the impression that in Québec, we are creating ourselves more privileges. As if we didn’t had enough yet. In short, wanting to put into practice all what he had learned, he joined the Red Cross and worked in Senegal, Tchad, Burkina Faso, Mali (among others) and is now in Haiti since 2011. We talked about his work, decolonization of Guinea by France, life in Haiti, international development, travels, charms of different cultures around the world…

I was ashamed to admit it to myself, but it felt so great and motivating to have that kind of conversation! Why was I ashamed? Well, this type of conversation isn’t really common here in Lhomond… The fact to be able to discuss about travels, countries that we visited, international politics is a luxury, a privilege that can only enjoy those who had access to certain living standards, to a society where information is easily accessible to everyone and to, at least, a high school-level education. Those conditions are not the ones of the very great majority of the people living in my little village. That doesn’t make them less extraordinary and generous: you know, when your students come at your place to give you avocados, coconuts or kassave that they grew or cooked themselves… The important, to me, is to be conscious of this luck and not to tolerate that others live in conditions like some that I sometimes witness here. And to work to change that.

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The beach objective being well accomplished, we decided to move forward the second objective: the bassin bleu (blue basin). It is a beautiful place at the top of a mountain where an emerald-blue river flows and, at a certain place, forms three big basins. The third one is by far the nicest with its beautiful falls. Paradise. Objective more than achieved.

The third and last objective was magnificently achieved on Saturday night when we shared beer and pizza with a British traveller that has been in Haiti for 5 weeks, volunteering as a tree planter in the southeast of the country. His work done over there, he is now looking for adventures – kind of –, planning on doing some woofing at some places in the Caribbean. And after? “No plan” he says. He reminded us of Christopher McCandless. You know, Into the Wild. Like good mothers, we told him to be careful and to avoid eating all what he would find in the forest. Again, I couldn’t help but thinking that it is a privilege to be able to travel like this without any return ticket to reflect on your life… My thoughts were going again towards Lhomond.

So these were two of many privileged encounters we made during this little trip and during this whole journey in Haiti that will soon be one-month long. I can’t believe all the luck that’s surrounding me. As would say my mother, “Merci la vie”.

La ville lumière-de-vélo

Note: cet article dispose d’une trame sonore.

Paris. La ville parfaite. Ici, tout est très beau, esthétique, classique. Les grands bâtiments beiges avec des petits balcons noirs en fer forgé et du style dans les poutres. [Je décris comme je peux, je ne suis pas architecte.] Les petites boulangeries un peu partout. Comme dans les films, très sérieusement.

Paris. Rouler à vélo dans Paris. J’ai pu remonter sur ma selle (2e fois depuis décembre) et m’amuser un peu à zig-zager entre les voitures et les touristes. Vous me direz « wow, comme c’est charmant, à vélo le long de la Seine avec la Tour Eiffel en background! » En fait, Paris reste une ville, et une capitale en plus! Beaucoup de voitures, beaucoup de touristes. Je n’avais qu’une question en tête. Paris, quelle place occupe le cyclisme dans ton système basé sur les ronds-points, l’absence de noms de rues et les sens uniques?! (Cf François Bellefeuille, 3:00)

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Paris. J’y suis arrivée hier avec la mission impossible de trouver, en un après-midi, mon amie Rayannah, 2 vélos, 2 casques, des sacoches de vélos et autres équipements manquants ainsi que des hôtes pour nous héberger durant les deux prochaines semaines. Mission accomplie! Nous sommes ensuite rentrées à Viroflay, où les parents d’un ami de Ray nous attendaient avec un énorme souper, champagne, vin, fromages… Miam. Accueillies en reines. Encore une fois ce soir, même si Ray et moi nous occupions du souper, nous mangeons et buvons comme des reines.

C’est pourquoi nous partons demain pour 2 semaines de vélo. De Nevers à Saint-Nazaire, le long de la Loire. Dans la vallée, là où il y a tous les châteaux. On déconnecte. Nous serons accueillies par des gens géniaux, nous avons bien hâte. Retrouver le plaisir de rouler hier et aujourd’hui fut génial. Même en ville, où après quelques kilomètres ma gorge et mes poumons commençaient à piquer en raison de la pollution. Se faufiler entre les voitures, avoir les yeux partout en même temps. La vallée de la Loire sera plus tranquille. Aussi parce que je ne pense pas donner trop trop de nouvelles. Ne vous inquiétez pas. Je vais pédaler. Je serai heureuse.

Congrès National 2013: check!

Congrès National 2013 d’Ingénieurs sans frontières Canada. Promotion 2036: Ce qui est possible grâce à une génération de changements systémiques. Calgary, AB.

4 jours. Beaucoup de gens inspirants, extraordinaires, motivés, intelligents, leaders, passionnés, beaux. Des questions, beaucoup. Les réponses à ces questions? D’autres questions, évidemment! Échos du discours de mon ami Nasser: « C’est quoi cette organisation qui pose tellement de questions?! »

Des ateliers où l’on se casse la tête à trouver des solutions. Des conférenciers qui inspirent et qui nous mettent au défi. Des analogies avec « Histoire sans fin ». Du café, beaucoup de café. Des discussions profondes et plus qu’intéressantes, avec des gens qui le sont tout autant. Le partage de nos rêves pour 2036. Pas beaucoup de sommeil. Des chansons francophones a capella à 1h du matin. Des apprentissages, des remises en question (encore, encore et toujours, à la pelleté) et des réflexions. Pis ben de l’amour. Plein plein d’amour.

Merci à tous ceux qui ont fait de ce Congrès un succès. Merci à la section ISF-Laval pour toute l’énergie, le committment, l’amour, la passion. Merci à l’équipe du bilinguisme pour votre travail iiiiincroyable et sans relâche, votre confiance, votre complicité, votre passion et votre amour. Merci à tous ceux avec qui j’ai discuté qui m’ont tellement apporté et qui ont fait de mon expérience au Congrès quelque chose d’unique.